dimanche 10 mai 2015

Témoignage d’Issa Savari

Issa Savari est un Arabe d’Ahvaz, militant politique et des droits civiques.
Nom                        Issa Savari
Lieu de naissance  Sussangerd, Iran
Date de naissance 6 septembre 1979
Profession              Auto-entrepreneur

Interviewer             Centre Iranien de Documentation sur les Droits Humains
Date de l’interview 1er décembre 2012

Je m’appelle Issa Savari, fils de Mehdi, je suis né le 6 septembre 1979 à Al-Khafadjieh, commune d’Ahvaz et j’étais auto-entrepreneur.

J’ai été emprisonné à deux reprises pour motifs politiques. En 2007, j’ai été condamné à six ans de prison par la quatrième chambre du tribunal révolutionnaire d’Ahvaz. J’ai bénéficié d’une libération conditionnelle au bout de trois ans. J’ai ensuite été arrêté à la frontière turque en 2011. J’ai passé huit mois à la prison de Dezful et je suis arrivé en Turquie le 30 décembre 2011.

Je suis né dans une famille politique. Mon frère Moussa, qui vit maintenant en Norvège, a été arrêté en 1992. Il a passé un an à la prison Karoun. C’est comme si nous avions été élevés dans un environnement conscient de la politique. En raison des discriminations raciales, religieuses et autres, les idées politiques sont omniprésentes parmi les militants sociaux, politiques et légaux. Nous avons acquis ces idées de nos amis et de nos relations et avons commencé à militer.

J’ai milité en 2005, 2006 et 2007, même si nos activités ont culminé en 2005, durant les manifestations. Nous avons continué à militer jusqu'à notre arrestation en 2007.

Implication dans les manifestations de 2005
En 2005, le bureau du président Khatami a fait une promesse publique ; nous l’avons imprimée et distribuée aux militants et aux citoyens ordinaires. Les manifestations ont débuté en avril 2005 et ont duré jusqu'à l’aïd-el-fitr(1).

Pendant les manifestations, nous avons enregistré des vidéos des manifestations et documenté les noms, les lieux et les photos des personnes arrêtées pour les remettre plus tard aux organisations de défense des droits humains, surtout à la Fondation des Droits Humains Al-Ahvaz.

Nous avons photographié et filmé la bassidj(2) et le police autant que possible. Comme vous l’imaginez, photographier et filmer pendant des manifestations est très difficile. Nous avons envoyé ces photos et ces vidéos à beaucoup de militants légaux et politiques hors d’Iran.

Je travaille actuellement dans deux domaines ; je suis militant politique et je participe à beaucoup de programmes de télévision.

Arrestations et interrogatoires
En prison, j’ai vu des prisonniers qui n’étaient pas très actifs mais qui avaient été condamnés à 10, 15 ou 20 ans de prison. Au centre de détention du ministère du renseignement, celui qui m’interrogeait m’a dit que, si j’avais été arrêté en 2005, j’aurais été condamné à 30 ans de prison. Mais comme les manifestations de 2007 étaient moins importantes que celles de 2005, on condamnait les militants à moins de six ans. En prison, j’ai rencontré des amis avec lesquels je partageais certaines activités. Certains sont toujours en prison, d’autres ont été libérés. Certains avaient été arrêtés en même temps que moi.

Celui qui m’interrogeait m’a dit que c’étaient les autorités de la prison qui décidaient du verdict, pas le juge. Il m’a dit que le procès ne servait qu’à donner une apparence légale.

On ne nous donnait pas le nom de ceux qui nous interrogeaient, mais on m’a dit que pour moi, c’était monsieur Sobhani. Je ne sais pas si c’est vrai.

Je n’ai pas vu leurs visages car j’avais les yeux bandés et qu’ils s’asseyaient derrière moi. Je n’ai même pas vu les gardiens. Ils rentraient et m’interrogeaient puis le bourreau ou le gardien me torturait.

Le 31 juillet 2007, j’ai été arrêté dans la ville d’Ahvaz chez mon oncle maternel, avenue Alavi. Le même soir, deux autres amis ont été arrêtés. L’un d’eux, Abdol-Rahman Heidari, vit maintenant en Australie, l’autre à Ahvaz. Nous avons été arrêtés tous les quatre le même soir. Lors de ma seconde arrestation, il se trouve que nous étions ensemble et nous avons encore été tous arrêtés.

Il était presque l’heure de la prière du matin quand ils ont frappé à la porte. Une personne de ma famille a ouvert la porte et ils l’ont pris immédiatement. Puis ils l’ont envoyé me dire qu’ils voulaient me parler. J’ai été surpris, j’ai cru que je rêvais. Quand j’ai ouvert la porte, la cour était pleine de policiers en civil. C’étaient les forces de sécurité et quelques policiers qui avaient accepté de les accompagner.

Personne n’a présenté de carte, de mandat d’arrêt ou d’ordre du tribunal. Quand j’ai ouvert la porte, on m’a attrapé et jeté par terre. On m’a bandé les yeux et emmené en voiture. Je ne voyais rien ; on m’a fouillé La même nuit, on est allé chez moi à Al-Khafadjieh. On a fouillé mon domicile et saisi tous mes drapeaux d’Ahvaz et plus de 600 ou 700 tracts.

Ils ne savent rien faire d’autre que d’insulter. Ils insultent continuellement ta religion et ta famille, du gardien de prison à l’inspecteur.

On m’a accusé d’insultes aux principes sacrés de la nation par insultes aux 12 imams, même s’il n’existait aucune preuve de mes insultes aux 12 imams. Je suis sunnite mais certains membres de ma famille sont chiites, comme mon père et ma mère.

On nous a envoyés au centre de détention du ministère du renseignement à Tchaharshir. Il y avait deux bâtiments blancs. On nous a envoyés dans celui des forces de sécurité. Les tortures ont commencé cette même nuit. Nous ignorions pourquoi on avait décidé de nous torturer.

Ils étaient au moins 20 ou 30. On nous a d’abord amenés au bureau principal avenue Amanieh, puis au no. 6 du centre de détention du ministère du renseignement à Tchaharshir. Quand j’ai ouvert la porte, j’ai vu plus de 10 ou 12 véhicules et d’autres appartenaient aux policiers en civil. C’est à côté de l’université imam Hossein qui est sous la direction du ministère du renseignement.

Dès notre arrivée, on a commencé à nous torturer. Nous ne savions pas de quoi nous étions accusés. On ne nous a pas laissé demander pourquoi on nous torturait. Une nuit, je leur ai demandé ce que j’avais fait. On ne m’a pas répondu. On nous a juste dit que nous étions antirévolutionnaires et wahhabites.

On nous criait dessus en disant qu’on allait en finir avec nous. Ils disaient qu’ils nous enfermeraient ici jusqu'à ce que nos cheveux soient de la même couleur que nos dents. C’est tout. Le lendemain, on nous a emmenés à la prison de Sepidar pour y prendre nos empreintes digitales. De là, on nous a conduits au tribunal.

Nous avons passé 57 jours au centre de détention du ministère du renseignement. Ensuite, on nous a envoyés a la prison de Sepidar ou nous avons passé deux mois. Finalement on nous a envoyés à la prison Karoun.

Durant la première semaine, on nous interrogeait quotidiennement, le matin, à midi puis de nouveau le soir. Au bout d’une semaine, on nous interrogeait deux fois par semaine, les lundi et mercredis. Comme on avait confisqué nos documents, drapeaux et tracts, on nous demandait comment nous les avions obtenus et pourquoi. Nous leur avons répondu que c’était parce que cela nous intéressait. Ce que nous avions fait n’était pas un crime. On nous a dit que notre situation résultait de nos activités.

On a consulté nos comptes de messagerie électronique. Comme nous envoyions nos mails depuis des cybercafés, ils avaient la trace de toute notre correspondance. Nous ne supprimions pas les lettres que nous envoyions à l’étranger qui faisaient part de nos activités légales et du nom des prisonniers.

D’après ce qu’on nous a dit de nos conversations téléphoniques, il semblerait que nous ayons été sur écoute depuis trois mois. On surveillait nos conversations téléphoniques sur fixe et mobile. On nous a apporté les drapeaux et les tracts en nous demandant pour quelle organisation nous travaillions. Ils voulaient savoir pour quel parti nous travaillions. Nous ne travaillions pour aucun parti, mais nous avons été accusés de le faire.

Nous utilisions Yahoo Messenger et ils possédaient nos conversations. Ils ne nous ont montré aucun exemple de vidéo ou d’enregistrement, mais ils répétaient ce que j’avais dit au téléphone. IranCell était notre operateur téléphonique. On nous a dit qu’IranCell était contrôlé par les gardes révolutionnaires(3).

Finalement, nous avons eu trois chefs d’accusation : « propagande contre le régime », « agissements contraire à la sécurité nationale par contact avec des groupes hors d’Iran » et « insultes aux principes nationaux sacrés par insultes aux 12 imams ». Ce dernier chef d’accusation a été abandonné par la suite.

Nous avons quand même été condamnés à six ans de prison pour les deux autres chefs d’accusation. C’était un an pour « propagande contre le régime » et cinq pour « contacts avec des groupes hors d’Iran ». Nous collaborions avec un site web saoudien, cause des cinq ans supplémentaires. J’avais presque 28 ans à l’époque.

Torture et jugement
On nous a torturés de diverses manières. On mettait un prisonnier sur un lit et on lui attachait les mains et les pieds aux barreaux du lit pour qu’il ne puisse plus bouger. On mettait aussi un morceau de tissu dans la bouche du prisonnier pour l’empêcher de parler. On le battait ensuite avec un câble ou un tuyau jusqu'à ce que le prisonnier s’évanouisse.

On mettait un prisonnier sur une chaise, on lui attachait ensemble la main gauche et les deux pieds, on lui donnait du papier et un stylo et on commençait à lui poser des questions. S’il ne répondait pas, on le frappait avec un câble ou un tuyau pour le faire tomber par terre.
Lors de ma deuxième arrestation, en 2011, on m’a mis une corde au cou et on m’a dit qu’on allait me pendre. Ils ont retiré la chaise de sous mes pieds pendant un ou deux secondes. C’était une corde de coton.

Quand j’ai été relâché, j’avais des caillots de sang aux pieds à force d’avoir été attaché et de la température très froide dans les cellules. Quand j’étais torturé, mon maillot de corps collait à mon dos. La pièce sentait le sang et la putréfaction.

A la prison de Sepidar, quand vous partez pour un interrogatoire, on vous lit juste les chefs d’accusation et vous vous déclarez coupable ou non coupable. C’est tout. Mais durant le procès qui a débuté le 19 février 2008, je juge me riait au nez quand je me défendais. C’était le juge Torki de la quatrième chambre du tribunal d’Ahvaz. Il m’a dit qu’il ne me croyait pas. Je lui ai demandé pourquoi ce procès dans ce cas ? Il n’y avait que le juge et moi au tribunal.

J’ai été arrêté le 31 juillet 2007 et on m’a donné mes chefs d’accusation le lendemain, 1er aout 2007. L’ayatollah Behbahani était juge de la 12eme chambre, c’est lui qui me les a données. J’avais les yeux bandés lorsque je suis parti au tribunal. C’est ma famille qui a assisté aux séances suivantes qui a pu l’identifier. Ils m’ont dit que c’était un religieux.

J’ai ensuite été torturé jusqu’au 22 octobre 2007. Pendant tout ce temps, j’étais à l’isolement au centre de détention du ministère du renseignement d’Ahvaz. On nous a envoyés en prison le 22 octobre 2007.

Je suis resté à la prison de Sepidar du 22 octobre au 19 décembre 2007, et à celle de Karoun du 19 décembre 2007 jusqu'à mon procès le 19 février 2008.

Le procès a duré environ 20 à 25 minutes. On m’a dit que j’avais partiellement avoué. Je leur ai répondu que ces aveux avaient été obtenus sous la torture et qu’eux aussi auraient avoué s’ils avaient été dans ma situation. Ils m’ont obligé à avouer en menaçant de s’en prendre à ma famille. Comment ne pas avouer ? La seule solution était d’avouer pour qu’on me laisse en paix.

Durant l’instruction, ils ont menacé ma famille et arrêté mon père plusieurs fois. Ils ont aussi arrêté l’un de mes frères.

Lors de ma deuxième arrestation, près de la frontière turque, c’était diffèrent. Ils ont enfermé une fille dans la cellule d’à-côté en me disant que c’était la fille de mon ami Mansour. Ils m’ont demandé où était mon ami.

Ils le recherchaient mais il s’était échappé. Ils m’ont demandé où il était et m’ont dit qu’ils feraient du mal à sa fille si je ne leur répondais pas. Je leur ai dit que je me devais à ma communauté, nous étions une communauté tribale. J’ai pleuré et leur ai demandé de libérer la fille.

La deuxième fois, ils m’ont même demandé de participer à un film non politique, en parlant des familles des militants qui vivaient hors d’Iran. Ils m’imposaient des choses idiotes à dire sur ces familles. J’ai refusé de participer au film. Ce qu’on me demandait de dire n’était même pas politique. Ils ne m’ont pas laissé tranquille, même après ma libération. Ils n’arrêtaient pas de m’appeler. J’ai dû m’enfuir pour éviter de participer à de tels films. J’ignore s’ils avaient l’intention de diffuser les films sur Press TV ou ailleurs, ce n’était pas clair.

Premier emprisonnement aux prisons de Sepidar et de Karoun
Lors de ma première arrestation, nous étions 600 prisonniers à la section 6 de la prison de Sepidar. La plupart des prisonniers dormaient dans la cour. C’était l’hiver. On avait couvert les cours de bâches de plastique mais quand il pleuvait, il y avait des fuites. Certains prisonniers avaient la tuberculose. Nous étions mélangés avec des voleurs, des drogués et des assassins. Il n’y avait pas de séparation et je ne me sentais pas en sécurité. Nous nous sommes plaints aux chefs de la prison mais ils n’ont rien fait.

Nous étions plus de 500 prisonniers à la section 6 de la prison Karoun et cependant, il y avait davantage d’espace dans la même prison. La situation était encore pire qu’à la prison de Sepidar. Nous ne pouvions même pas approcher les chefs de la prison. Quand un officiel venait en visite, on nous enfermait et nous n’avions pas le droit de le voir. Là encore, nous étions dans la même section que les voleurs et les drogués.

D’autres prisonniers nous ont dit qu’ils obtenaient de la drogue. Ils fumaient de l’opium dans les cellules. Nous ne pouvions pas nous y opposer car ils étaient drogués. Nous nous sommes plaint et avons écrit des lettres disant que nous ne pouvions pas vivre avec eux. Nous avons même demandé à nos familles d’écrire. Mais rien n’a changé. Certains drogués sont morts, ils avaient la tuberculose.

Il y avait un dispensaire a la prison Karoun, mais il ne servait à rien. Quand ils ont vu nos cartes de prisonniers et qu’ils ont compris que nous étions des prisonniers politiques, ils ont dit : « Mettez ce séparatiste aux ordures. » Il y avait une différence entre les drogués et les prisonniers politiques.

Les gardes et ceux qui nous interrogeaient nous parlaient Persan. Il y avait des Arabes parmi eux mais plus de 90% étaient Persans. Je ne peux pas dire de quelle région ils venaient en fonction de leurs accents.

Nous étions actifs même à la prison Karoun. Une fois, j’ai remis à ma mère une lettre pour une organisation de défense des droits humains  Ils m’ont convoqué dix jours au ministère du renseignement.

On ne m’a pas torturé car j’étais déjà condamné à six ans de prison. On m’a juste demandé pourquoi j’avais repris mes activités. J’ai répondu que je ne pouvais pas me taire. On m’a dit que je devrais être reconnaissant de n’avoir pris que six ans de prison, car, si j’avais été arrêté en 2005, j’en aurais pris pour 30 ans.
C’était le chef de ceux qui m’interrogeaient qui avait parlé ainsi. C’était celui qui s’était occupé de moi en 2007 et qui m’avait interrogé dix jours quand on m’avait envoyé à la prison de Karoun, et qui m’a aussi interrogé en 2011. En 2011, il m’a dit : « Apparemment, vous voulez toujours être à mes côtés. » Je me souviens de sa voix.

Apres m’avoir condamné à six ans de prison, on m’a envoyé à la prison Karoun. J’y suis resté jusqu’au 2 aout 2008, puis j’ai été transféré à la prison Behzisti qui se situe à environ 15 kilomètres d’Ahvaz. J’y suis resté jusqu'à ma libération, le 15 juillet 2010, soit exactement trois ans, et huit mois de plus en 2011.

Au total, j’ai été emprisonné dans quatre prisons différentes : Karoun, Sepidar, Behzisti et Dezful. Celle de Dezful est la pire, pire encore que Karoun. Chaque section abrite de 50 à 60 lits, donc chaque section a une capacité de 60 personnes. La capacité maximum est de 100 prisonniers, si 40 dorment dans la cour. Et pourtant, il y a de 500 à 600 prisonniers dans ces sections de 50 à 60 lits. A la prison de Dezful, je partageais ma cellule avec cinq personnes.

Deuxième arrestation et emprisonnement à la prison de Dezful
Ils m’ont suivi et arrêté à la frontière turque. La police aux frontières de Sarvar m’a arrêté dans la région d’Ourmia. On m’a transféré au centre de détention du ministère du renseignement d’Ourmia où j’ai passé deux jours et où on ne m’a pas torturé.

Puis on m’a placé dans un endroit appelé la salle de break pendant 24 heures. On vous attache les mains et les pieds puis on ouvre les vannes d’eau. C’était en avril 2011 et il faisait chaud. J’ai dû boire comme un chien puisque j’avais les mains et les pieds entravés. J’étais en sous-vêtements. Au bout de 24 heures, je ne pouvais plus parler. Ils s’étaient vengés de moi.

Cette fois-ci, nos activités se limitaient à organiser l’anniversaire des manifestations de 2005 à Ahvaz. Ce n’était pas très grave. Le pire aurait été propagande contre le regime. Mais de toute façon, ils ne s’occupent pas des chefs d’accusation.

Mes amis sont encore en prison. J’ai été libéré sous caution à cause de mon état de santé qui était mauvais à cette époque.

Je m’étais beaucoup affaibli en raison des tortures perpétuelles. A la prison de Dezful, j’étais dans une section avec des sauvages, pas des prisonniers, des sauvages. Pendant huit mois, je na’ eu ni visites ni téléphone, de mon entrée en prison à ma libération, aucune visite de ma famille, ils ne laissaient personne me parler.

Je dormais près des sandales des prisonniers. Quiconque sortait des toilettes passait avec ses sandales mouillées au-dessus de ma tête. Je n’avais pas le droit de dormir dans un lit. On me traitait comme un animal.

Le chef de la prison de Dezful, monsieur Zameni, leur avait dit de me mettre dans un endroit où je vivrais comme un chien. J’ai fini par demander à un prisonnier d’appeler ma famille pour me faire sortir. J’en étais arrivé à ne plus pouvoir parler. Ils ont dû me libérer sous une caution de deux milliards de rials.

Libération
J’ai été libéré mais mes amis sont toujours à la prison de Dezful. L’un deux fait partie de ma famille, j’ai été arrêté en même temps que lui et son procès n’a toujours pas eu lieu. Je n’avais aucun contact avec lui en prison. Nous étions dans des sections différentes.

A ma libération, ma famille m’a emmené à l’hôpital Imam Khomeiny d’Ahvaz où j’ai passé 15 jours. Ensuite, je suis resté à la maison mais les fonctionnaires de la sécurité n’arrêtaient pas de m’appeler pour m’interdire de m’échapper ou de parler à quiconque.

Pour payer ma caution, nous avons utilisé les titres de propriété de trois maisons qui appartenaient à la famille et qui étaient situées dans le village.

J’ai été libéré le 12 octobre 2011 et je suis arrivé en Turquie le 30 décembre 2011. C’était l’hiver et je suis allé directement au bureau du Haut-Commissariat aux refugiés de l‘ONU.

Depuis mon départ d’Iran, ils ont convoqué mon plus jeune frère. Après ma première arrestation, ils avaient renvoyé un autre de mes frères, sergent dans l’armée. J’ai des documents pour le prouver.

Je n’ai pas le droit de parler à ma famille car ils leur ont dit de ne pas m’appeler. Dieu seul sait combien j’ai envie de parler à mes parents, mais je ne le peux pas pour leur propre sécurité. On les a convoqués plusieurs fois, même s’ils n’ont rien fait de mal. C’est à cause de moi. Leurs téléphones sont sur écoute, les familles des militants politiques sont surveillées.

(1) Fête religieuse marquant la fin du Ramadan
(2) Milice paramilitaire instituée par l’ayatollah Khomeiny en 1979. Les bassidjis sont des supplétifs des gardes révolutionnaires et ont été impliqués dans la violente répression des manifestations de masse qui ont suivi les élections présidentielles truquées de 2009. En 2014, un ancien commandant de la bassidj a admis avoir tiré sur les manifestants en 2009.
(3) Le contrôle des gardes révolutionnaires sur les principales entreprises de télécommunication dont IranCell a été confirmé par de nombreuses sources.

Source :
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire